Il y a randonnée… et randonnée à cheval.
Ceux qui la pratiquent le savent : c’est un monde à part. Ce n’est pas juste une question de moyen de transport. C’est une autre manière d’avancer, de ressentir le paysage, de se connecter. Non seulement à la nature, mais aussi – et surtout – à son cheval.
J’ai souvent entendu des gens comparer la rando équestre à la rando pédestre ou cyclo. Et même si, oui, on parle de « randonnée » dans les trois cas, croyez-moi, ce n’est pas du tout la même chose. Quand on part à pied ou à vélo, on pense surtout à soi : son équipement, sa forme physique, ses pauses, son itinéraire. Quand on part à cheval, on pense à deux êtres vivants. Et la priorité, c’est lui : le cheval, son confort, sa fatigue, ses réactions, son alimentation. C’est une vraie relation de confiance, de "lecture mutuelle". Le cheval n’est pas une monture au service de notre aventure. Il est l’aventure.
Ce que ça change concrètement.
Prenons un exemple tout simple : traverser un tunnel ou longer une route. À pied, on passe. À vélo, on ajuste le timing. À cheval ? Si le cheval hésite ou a peur, c’est un vrai moment à gérer. Et ça ne se commande pas. Il faut savoir observer, rassurer, écouter. Parfois, on fait demi-tour. Et ce n’est pas un échec, c’est du respect. C’est là que se construit le lien.
Une préparation à deux têtes
Quand je prépare une rando, je ne me demande pas seulement ce que je vais emporter, mais aussi ce que mon cheval peut et doit porter.
Pour vous donner une idée : un cheval peut porter entre 15 et 20 % de son poids total. Donc si votre cheval pèse 500 kg, on ne dépasse pas 100 kg, cavalier inclus. Une fois que vous avez compté le poids du cavalier, il reste rarement plus de 25 kg pour les sacoches et l’équipement. Et encore, il faut que ce soit bien équilibré. Un déséquilibre, même léger, peut gêner votre cheval sur le reste de la journée, et le blesser.
Du coté matériel
Avec le temps, j’ai appris à choisir mon matos avec soin – autant pour moi que pour mon cheval. Voici ce que je retiens de mes randos :
Pour le cheval :
. Une selle de rando bien adaptée, pour éviter les points de pression. Et confortable pour le cavalier
. Des sacoches et fontes, légères et bien fixées, étanches de préférence
. Un tapis épais spécialement conçu pour la randonnée
. Un seau pliable car parfois votre cheval n’aura pas d’accès à un point d’eau durant votre bivouac et ce sera a vous d’aller lui en chercher
. Un licol de rando et une longe assez longue (minimum 2 mètres) pour pouvoir l’attacher facilement en bivouac.
. Un paddock électrique (format compact spécial randos équestre) pour que votre cheval ne soit pas attaché toute la nuit.
Pour moi, pour le bivouac :
. Une tente légère, simple à monter, mais résistante
. Un matelas compact gonflable (parce qu’après 6h en selle, on veut bien dormir)
. Un sac de couchage adapté à la saison, rien de pire que de grelotter toute la nuit
. Des repas simples, légers, faciles à préparer...et de l’eau, beaucoup d’eau.
. Et le chapeau est un must si vous partez en été.
La liste est encore longue, à l'initiative de la cavalière ou du cavalier, toujours sans oublier de penser à ne pas surcharger son compagnon de voyage.
Du coté des connaissances ?
Il faut disposer de quelques savoir-faire essentiels (et pas optionnels):
- des connaissances en topographie : lire une carte, prévoir le relief, anticiper les zones à risques,
- des bases en matière de soins équins : savoir détecter une boiterie, une irritation sous la selle, gérer une petite blessure
- des notions de maréchalerie : savoir retirer un fer tordu, poser une cloche de secours
- et surtout, savoir écouter son cheval, reconnaitre les signes de fatigue, d’inconfort ou de stress; ça ne se lit pas dans un manuel, ça vient avec l’attention, l’expérience, la patience.
Une rando équestre, c'est aussi un travail de réflexion
On n’improvise pas une rando à cheval. Contrairement aux autres types de randonnée, à cheval, on ne passe pas partout. Certaines pistes sont trop étroites, trop glissantes, ou comportent des obstacles dangereux. Il faut savoir adapter son itinéraire, prévoir des points d’eau pour le cheval, repérer des pâtures ou des zones de repos sûres.
Il faut aussi déterminer un rythme, qui depend du cheval et de ceux avec qui vous voyagez, pour tenir compte des ressources de chacun - cheval ou cavalier - et des ressources de l'environnement. C’est un vrai travail de réflexion en amont.
En résumé
La randonnée équestre, c’est une aventure où tout se pense à deux. C’est un mode de voyage où le respect, l’écoute et la préparation sont essentiels. Ce n’est pas juste une question de technique, c’est une philosophie du mouvement, un lien que l’on tisse à chaque pas, à chaque pause, à chaque détour imprévu.
C’est ça qui rend cette expérience si précieuse. C’est ce que j’aime transmettre à travers chaque sortie, chaque conseil.
Alors si tu rêves d’embarquer un jour pour une rando à cheval, je te dirais : prépare-toi bien, apprends à connaître ton compagnon, et surtout, laisse-toi guider par lui autant que tu le guides.