Tout va vite aujourd'hui. On traverse des pays en quelques heures, les GPS nous guident et les routes sont plus importantes que ce qu'elles traversent.

J’ai choisi un autre moyen de voyager  : à cheval.

Voyager à cheval ce n’est pas seulement se déplacer autrement, c’est s’immerger dans le monde qui nous entoure, dans les paysages, les vivre au rythme de l'être vivant qui nous accompagne, au rythme de la nature et de tout ce que cela implique de lenteur, de contraintes, de surprises, de rencontres et d'émerveillements.

Avec Quebrada, ma jument de cœur avec qui je me suis découvert cette passion du voyage à cheval, j’ai eu la chance de parcourir des kilomètres de sentiers, de prairies, de forêts, de plages... J'ai eu la chance de chevaucher loin des routes .... pas tout le temps, il faut le reconnaître, car il est très difficile de ne pas en croiser lors de randonnées à cheval.

Un nouveau monde

Ce mode de voyage nous ouvre un monde que les voitures, les trains et les avions ne peuvent atteindre. Cela est réciproque car le cheval ne peut aller là où va l’avion ... enfin si… il faudrait alors prévoir quelques mois voire quelques années pour y parvenir.

Le cheval nous fait découvrir un monde ouvert, où chaque chemin, sentier ou clairière devient une possibilité. Il n’y a pas de limitations en terme d'orientation, car le cheval peut passer presque partout. Grâce au cheval, j’ai découvert des coins insoupçonnés, des hameaux presque oubliés, des panoramas cachés, tout simplement en m’aventurant sur des sentiers inconnus.

La force du voyage à cheval, c'est pouvoir se dire: " Et si j'essayais de passer par là ? Au pire je ferais demi-tour et je rallongerais mon voyage d’une demi-journée ". A cheval on ne se presse jamais, on profite et on découvre tout simplement.

Un nouveau compagnon

Le voyage à cheval a aussi une exigence et pas des moindres : avoir la responsabilité du bien être de votre compagnon. Il ne s’agit pas de partir à l’aventure les mains dans les poches: il faut anticiper tous les besoins du cheval, savoir faire des pauses quand il faut, trouver des points d’eau, des zones de pâtures sûres pour faire étape avec lui, veiller à son confort avant le vôtre car c’est bien lui qui fait le plus gros des efforts pendant le voyage. Alors il ne faut pas négliger ses temps de récupération. Si vous trouvez un endroit vraiment bien adapté pour lui, cela peut même impliquer d'y passer une journée complète pour qu’il puisse récupérer des jours de marche qui ont précédé.

Le cheval n’est pas un véhicule, c’est un compagnon de voyage, un partenaire sensible qui compte sur vous sûrement plus que vous comptez sur lui. Il ressent la fatigue, la chaleur, le froid, le stress, les blessures, etc… Tous ces paramètres, c’est à vous, cavalier, de les prendre en compte et de les surveiller pour lui. Si vous ne le faites pas, votre cheval peut s’épuiser à la tâche pour vous. Si vous le faites, vous allez créer un lien véritable avec lui.

De nouvelles relations

Ceux que vous rencontrerez le remarqueront et vous offriront volontiers leur aide : parfois il s’agira simplement de quelques pommes et carottes pour votre cheval, d'un seau d’eau fraîche, parfois d'un tuyau d’arrosage pour le doucher s'il fait chaud. Vous n’aurez peut-être rien à demander, ils le proposeront naturellement ; simplement parce que le cheval réveille en nous le souvenir d'une époque où l’entraide était vitale pour le voyageur. J'ai parfois dormi chez des habitants qui ont accepté d’abimer leur pelouse pour que ma jument passe la nuit en sécurité tout en m'invitant au souper du soir comme un ami de longue date. Le voyage à cheval c'est aussi la rencontre de nouvelles personnes, de familles et de beaucoup d'histoires.

Au travers d'interactions simples, authentiques, sincéres, le cheval révèle en nous des choses profondément humaines que la simple relation humaine dans le voyage moderne n’arrive parfois pas à faire émerger. Le voyage à cheval est ainsi bien plus qu’un voyage. Il demande une certaine organisation, beaucoup de patience et de soins. Chaque jour passé avec votre cheval à avancer ensemble confirme un peu plus ce proverbe : « Ce qui compte, ce n’est pas la destination c’est le voyage ».